Saturday, February 7, 2009

DestructionMomentanéeDeNosProgrammes

En attendant que je mette les autres textes au format pdf, bien plus confortable pour la non-lecture.

http://www.toofiles.com/fr/oip/documents/pdf/destructionmomentannaedenosprogrammes.html

Ouais je mets pas les formes, edit du bug.

Copier-coller car je suis une daube en internet...

Snif.

Monday, February 2, 2009

Notice1

Après quelques jours/mois de méditations, j'approche enfin d'une perspective intéressante. Les idées qui tournaient en se jetant parfois les unes sur les autres ont fini par se solidariser et ces temps-ci j'entends beaucoup de « cloc! » quand elles arrivent à s'emboîter.
Dans l'ordre.

L'idée d'essayer d'établir une hiérarchie entre style, narration et idées (qui restent , bien extrêmement intéressantes, facultatives) est bien entendu fausse puisque n'importe quelle combinaison est possible pour arriver à un résultat satisfaisant.(rg.1)

Démonstration sur la nouvelle à titre d'exemple; "Mort d'un ami".

« Dehors il pleut. Le ciel est couleur gris très clair du genre jeune cadavre commençant à vieillir. Un peu de vent pour secouer les arbres nus de son crachat turbulent. En résumé, il pleut. Je ne sais pas quoi dire de plus.
Dedans aussi il y a une forme de pluie plus sociale et salée. Un ami est mort hier et on l'enterre demain. Deux jours de formalités alors aujourd'hui c'est chagrin. »


Comme vous pouvez le non-lire, c'est nul.
Je m'explique; le style est passable, c'est peut-être ce qu'il y a de moins mal. Dans une ferveur animalière il ne casse pas trois pattes à un canard. La narration est molle, archimolle, ce qui veut dire que c'est chiant. Ça n'en a peut-être pas l'air comme ça, la mise en page joue beaucoup plus qu'on ne veut bien le croire à la dynamique d'un texte. Mais en fait il ne se passe rien. Là, le style ne supporte pas la narration qui du coup s'enfuit. Vous pouvez me dire « oui mais c'est une description de paysage, pas d'action, etc. » d'accord, c'est vrai. Mais la littérature du XXI ème siècle est une littérature qui demande à bouger (ça y est je me la pète), et l'action doit être très présente.
Niveau des idées ; là sans spoiler je dois dire que le personnage raconte une journée (première partie : « Aujourd'hui » ) qu'il vit mal car il s'ennuie et, on s'en doute, a un problème avec les codes, une sorte de phobie des codes sociaux. Comme c'est un texte à la première personne, il faut que ça soit imprégnée de la mythologie personnelle du héros.

Deuxième essai (de ce même passage je ne recopie pas les trois essais de 2 pages) :

« La pluie dehors.
Ciel couleur monocorde au teint de bistre pâle, une sorte de reflet du sol. Ou l'inverse. Le vent sorti de nulle part s'encolère et fustige les arbres gris et chauves à la peau de lèpre. L'automne est sur nous.
Dedans des pleurs, je crois.
C'est une forme de pluie plus sociale et salée, une pluie humaine qui obstrue les pores et assèche la peau. »

Je suis déjà très content des années-lumières parcourues depuis le premier essai, distance non-négligeable que j'ai pu franchir grâce à cette « illumination » (grosses parenthèses puisque j'y pensais depuis longtemps mais qu'aujourd'hui l'idée s'est enfin concrétisée, si je puis dire) : l'écriture est un code qui, pour raconter quelque chose, ne nécessite pas un travail de ressenti, mais un véritable travail de programmation, quasi-scientifique de la part de l'écrivain qui est en charge de TOUT le travail (rg.2).

Pas de « je laisse vivre mes personnages » ou de « J'écris ce que je ressens de telle situation », ça ne marche pas sur des textes construits et bien souvent le fond en pâti. Or là en premier lieu je travaille sur le fond puisque l'un, à force de programmation, amènera le/les autre(s) (cf : rg.1)
En résumé l'écriture est un code qu'il faut s'approprier. Le ressenti est extrêmement important, je le reconnais, mais écrire au ressenti est, sauf cas miraculeux, une sorte de débâcle assuré, à moins de ne s'être entraîné à cette pratique (très rigoureux l'entraînement).

Essayez de vous dire ce qui ne va pas là.

Extrait 3:

« Une pluie dehors.
Ciel monocorde, teint de bistre pâle, comme un reflet du sol, ou bien l'inverse. Fureur du vent sorti de nulle part qui fustige les arbres gris et nus. La peau racornie s'effrite par petits nuages turbulents qui s'entrechoquent en tourbillonnant. La poussière s'arrache des graviers.
Tempête sur la terre.
L'automne est sur nous.

Dedans des pleurs, je crois.
Pluie sociale et salée, la pluie des humains. »


Pour le moment je me suis arrêté à cet essai là. Je suis assez content pour plusieurs raisons :
La violence (je trouve) est très présente.
Langage codifié, très très simple, programmation simpliste. Style nord-américain grave.
Et, cerise sur le gâteau, côté mythologique assez marqué (cf : plus haut).


Un bref je viens de livrer un article très mal écrit, sur comment je pense arriver à mieux écrire.

Ça frôle le dadaïsme.

Ps : j'ai fait le premier essai hier soir de 19h00 à 23h00 c'est paradoxalement le plus court, mais avec les interprétations plus haut vous comprendrez que ce qui est chiant à lire l'est aussi à écrire (dans mon cas). Le deuxième essai a été réalisé en deux temps, de 7h30 à 8h30 ce matin, puis de 13h00 à 14h00. Le dernier essai, après pauses réflexions, m'a pris une demie-heure soit de 19h30 à 20h00. Les trois essais font deux pages.
Le travail paie.

Tuesday, January 27, 2009

Temps mort

Temps, comme dit l'autre.
Mort, comme l'autre.
Hinhin.

Là je relis le blog (prouesse, dix minutes de temps libre !) et je tiens à préciser -pour les non-lecteurs- ce sont des brouillons, des premiers et, pour la plupart, derniers jets. Si un texte plaît, à moi ou un autre, je le travaille et j'essaye de lui donner du sens. Pour le moment je me contente d'essayer de trouver une manière d'écrire qui me soit propre.

Exemple avec une première réflexion pour un début de nouvelle :

Ils se sont installés, on leur a servi des gobelets vides et ils ne s'en sont pas indignés, ils ne sont pas venus pour boire. Chacun est dans son siège et y cherche son confort, s'enfonçant plus ou moins dans les renforts rugueux du cuir, un mauvais cuir. Puis quand ils ont trouvé leur position, avachi, tailleur, strict ou pensif -ils la trouvent à peu près en même temps- , ils s'arrêtent et se mettent à compter.
Ils sont trois, ils s'attendaient à être cinq, ils ne se le sont pas encore dit mais ils sont d'accord sur ce sujet. Chacun regarde les autres et pensent et jugent, comme on leur a toujours dit de ne pas faire.
Ils sont trois, c'est idéal. Un triangle à défaut d'un trio. En psychologie les relations les plus sordides se font toujours à trois. Alors qui va être le bourreau ? Toi Charles ? Voyons ! Tu n'as pas assez de couilles pour trancher un morceau de pain et tu as beau penser à la manière dont tu arracheras les yeux de Pamela Anderson quand tu la croiseras tu es gentil, horriblement gentil comme les millions de personnes sur Terre qui se disent qu'il y a un psychopathe au fond d'eux. Tu es comme eux Charles, un pauvre type et c'est pour ça que tu es là, car le monde a fait des pauvres gars dans le passé et l'avenir s'en nourrit.
Charles, victime.
Il y a Alex aussi, il est important -qui ne l'est pas ?- pour un dealer. Refourgueur de came à la sauvette, pas trop d'ambitions ou si peu que c'en est négligeable. Alex veut survivre dans le monde, Alex veut une copine pas trop junky pour l'aimer et lui faire des enfants, Alex veut une vie rangée et se moque bien de savoir qu'il y a d'autres vies possibles. Alex veut de l'argent, la richesse modérée à portée de mains, une voiture propre qui ne ferait pas patron, une mère fière de lui quand elle mourra et un père toujours inconnu. Il aurait pu être un prédateur, il a juste choisi de ne pas être victime, bon choix ? Alex, même pas Alexandre, sera toujours petit à défaut d'être minable.


Rien que là déjà j'ai corrigé deux ou trois petits trucs, alors que je m'étais juré de ne pas le faire.
Enfin, vous voyez comme moi les erreurs de ce passage, que je laisse de côté en attendant que mon premier projet -comprendre mon écriture- se concrétise. Il va falloir passer par la méthodologie, la grammaire, la culture, ça vaut le coup et qui plus ça n'a jamais fait de mal à personne.
Sauf à Nerval, peut-être.
Enfin c'est une autre histoire.

SousContrôle

Vint le moment de comprendre ce qui était incompréhensible, la poésie, et donc celui de devenir fou. Le fait était là, suis-je en train de parler ? Trop de « je » devant mes yeux, trop pour Moi.
Je divague et je m'assassine.
Je me mis à écrire des vers qui brulèrent il y a longtemps, je me mis à écrire sans chronologie, sans me soucier de ceux qui me non-lisent. J'oubliais mon culte à l'invisible. J'inventais des longues énumérations d'adjectifs pour qualifier des styles que je ne maîtrisais pas, j'inventais des mots et et sans cesser de m'en rendre compte je laissais des vagues d'encres m'engloutir. J'oubliais ce que j'aurais dû savoir et mon peu de connaissances contenait les rebuts de mon âme. Mes yeux étaient des membranes déchirés et gorgées d'eau, j'avais le visage gelé on eut dit un vieux dieu. J'étais mort autant de fois que les siècles tombent, mes os dans leurs tombeaux irradiaient d'une pleine ombre.
Je vis et suivis la cavalcade effrénée de la fin des poèmes, je vis chaque chose se dédoubler. Je vis les murs se tâcher de blanc, les mains cesser de battre. Je vis les yeux vitreux et calmants, je vis des peaux de rose et d'asphalter
Lié, harnaché sur un lit droit dont j'apprendrais plus tard qu'il était celui des fous.

La fenêtre est rayée mais le soleil ne se gêne pas. Dehors quelques arbres vacillent, fragiles sous les crachats du vent. Parfois une petite vague de feuilles forme un rouleau qui glisse sur le sol avant de s'écraser, par manque de vie ou de place, et laisser chacun de ses composants s'éparpiller vers sa non-vie d'avant.
La pelouse est d'un vieux vert qui vire au gris en quelques endroits. Des bancs y ont poussé depuis quelques années mais rares sont ceux qui s'assoient dessus.
L'étendue d'herbe froide est dans une cour classique où je n'ai jamais mis les pieds car je suis enfermé dans la forteresse qui la délimite. Je vois ses murs de l'autre côté, ils sont austères et crevassés, ponctués par de petites fenêtres incrustées dans un schéma régulier. Je vois quelques personnes qui, comme moi, sont debout derrière les vitres et rêvent d'un pied dehors, même tranché.
J'imagine leur chambre comme sil elle était la mienne. Il y a un calendrier si vieux qu'on a cessé de compter les années où on le remettait à zéro, une table où règnent une carafe et un verre d'eau, une petite chaise d'aspect macabre avec sa peau blanche et ses os froids, un lit dur où l'on est souvent harnaché et pour finir


Il y a moi.


J'oublie vite disent les médecins, j'ignore leurs noms bien qu'ils doivent souvent me le dire, mais j'apprends bien. Ils s'occupent de moi, me disent que ça passe. Je demande qui est ma famille et on me dit qu'elle vient me voir régulièrement mais que je ne m'en souviens pas. Je demande si le hasard ne fais pas bien les choses et on me répond que ce n'est pas dû au hasard mais à la maladie et que non, elle ne fait pas bien les choses.
Je m'assois et me met au travail qu'ils me confient. Je fais des enveloppes avec des feuilles de papier. Je demande à écrire de la poésie mais on me le refuse.
« Par précaution » qu'on m'assure.
Mais je demande un stylo au médecin. Il refuse avec un sourire mais il tremble. J'insiste, je dis même que « Je ne suis pas fou ». Il me dit que non, et non, que je suis juste malade et que ne pas écrire fait partie de mon traitement.
J'agrippe le médecin par le col, lequel s'arrache. Il -le médecin- se met à crier et, avant que l'énorme individu de la sécurité n'arrive- frappe le médecin et prends le stylo. Je crois que ça c'est passé dans cet ordre.
Par sécurité je suis mis dans une chambre aux murs de coussins. C'est amusant mais pas drôle, je crie, je hurle. On m'intime de me taire et j'accepte.
J'ai gardé le stylo, j'écris sur les murs.

Je me relis. Je ne comprends pas. Il y a des bouts de temps qui manquent et je suis fatigué. Je vis les choses comme si les transitions n'étaient pas nécessaires.
On vient la porte.
Je me sens comme le personnage central du Dernier jour d'un condamné, j'ai envie de dire que le médecin là derrière moi vient comme un bourreau m'emmener à l'échafaud mais non.
Il me regarde, me dit de finir ma phrase et me reprend le stylo.

Sunday, January 25, 2009

EnfantRoi

Je regardais la dame, qui me regardait en échange.

Bien-être absolu, être regardé. Que pensait-elle de moi ? Que savait-elle ? Que se passait-il dans sa tête ? Imaginait-elle que j'étais un serial killer, probablement pas, un pédophile, un voleur de voitures, un flic, un étudiant sérieux ?

Et puis la réalité me tapota l'épaule.

Je baissais le regarde vers l'assemblée, réunie pour je ne sais quelle raison. Je faisais partie de ces gens que je connaissais pas. Lui, par exemple, avec sa vieille tête de « je suis un jeune patron et un fier papa qui adore mes enfants et mon travail et ma voiture et ma femme et ma maîtresse et la vie et le pâté (etc.) », je ne le connaissais pas. Je ne connaissais pas non plus son pull gris à rayures vertes, je connaissais pas ses lunettes, je ne connaissais ni ses rides, ni son âge.

Et je m'en tapais complètement.

J'avançais dangereusement dans la foule. Elle me faisait penser à une flaque de sperme avec tous ses petits tétards de la génétique qui batifolent, heureux en apparence et jouent et rient et se ruent comme des crèves-la-dalle vers l'ovule en espérant en picorer un peu. Et moi je suis le canard boiteux, le spermatozoïde sans flagelle qui refuse même d'aller à contre-courant. Le sur-place est tellement mieux.

Il y avait des sortes de mouvements semblables à des vagues avinées. Les hommes riants allaient de l'avant, suivis par leurs femmes. Derrière, les enfants s'éparpillaient en petites ondes criantes qui éclaboussaient le monde avec leurs rires gorgés de morves à cause de l'hiver. Parfois ils se brisant sur une table et s'étendaient en un dessin grotesque que leurs parents encradreront au lieu de brûler.

Un soleil, un ovule hérissé, une maison, des humains-bâtons avec simili-sourires, une corde à sauter.

Je louvoyais maldroitement en faisant tomber quelques gosses et m'amarrais face aux dessins. Je jetais mes yeux par-dessus mes épaules, attendant que la marée soit descendante et puis je m'amusais sur les créations. Une mine anti-personnelle par là, une cadavre par ici, un chybre, un canard. Je signais de faux noms, me marrais, me roulais une clope, la fumais ici même.

On vint m'engueuler. Je sortais.

Dehors le monde était calme. Le monde était beau.

Un soleil rachitique pissait une lumière sanguine sur le sol boueux de la campagne. Les rues, de simples, très simples rues de province, avaient l'air peu vivant des vieilles pierres du monde romain. Un vieillard était adossé sur un muret mais tout dans son apparence, ses vêtements et sa peau, était de la même couleur que l'univers. Je dus me concentrer pour le voir dans la lumière impuissante du début de la soirée.

Un rayon encore très vif passa au travers de mon verre encore plein. J'étais persuadé de l'avoir laissé là-bas, dans la salle aussi anonyme que ses occupants. A travers la vinasse la lumière,pris une couleur de rose délavé.

Je vidais le verre avant de le jeter.

Où étais-je ?

Que pensais-je ?

Où allais-je ?

Qu'est-ce que ça pouvait bien faire ?

La nuit tombait en silence.

Deuxième à droite et tout droit jusqu'au matin.

Friday, January 23, 2009

day01after/before/during02atomikSbombattackS

Comme d'habitude je viens d'écrire une ligne, ou au moins une phrase, je l'ai lue, l'ai trouvée nulle et celle-là vint la remplacer. Combien de phrases mortes y a-t-il pour chaque phrase qui ose vivre ?

Ça fait un jour que je tiens quotidiennement ce blog, je suis fier. Chers non-lecteurs j'espère que vous l'êtes tout autant, votre présence suffit à me ragaillardir.

Aujourd'hui, en ce vendredi saint, léger retour sur les strapontins inconfortables de l'université. Salle 3 et puis salle 2,régression dans le cursus, littérature du vingtième siècle et puis latin, régression dans le temps. J'aurais donc l'honneur (et quel honneur !) d'étudier le passionnant théâtre du vingtième ! Oui CE théâtre qui tua LE théâtre ! Je ne dis pas qu'on n'y trouve pas quelques bonnes scènes à chiquer, juste quelques longues pièces à cracher. Alors, allons-y. Merci Beckett, merci Ionesco, merci à votre théâtre qui préférait agresser que discuter, merci aux surréalistes qui ont préféré l'incompréhensible, le très/trop/extrêmement personnel de la bourgeoise psychanalyse pour votre révolution de divan.

Mais d'un certain point de vue, je suis obligé de le reconnaître, merci la langue française, tu nous as livré quelques phrases d'une beauté incroyable, Mallarmé doit pleurer de joie dans sa tombe.

J'en étais là.

J'y suis toujours, d'ailleurs.

Et là je me pose une question simili-existentielle, pourquoi s'intéresser à un théâtre à peine potable (vous m'excuserez) quand ce siècle, qui suit le dix-neuvième, se révèle être celui d'une splendide épopée du roman ? Pourquoi lire les pièces surréalistes quand leurs poèmes renversent tout ? Pourquoi lire Les mouches et snober La peste ?

Réponse simple, on en aurait pour trop longtemps.

Deuxième réponse simple, on aura un autre cours du vingtième siècle (bien sûr que non).

Troisième réponse simple, le théâtre c'est mieux.

Quatrième réponse simple,
















C'est comme ça.

Fort possiblement c'est, en effet, comme ça. Ça marche comme ça, ça a son sens, ça a un sens.

Alors j'abdique, je cours dans les jardins du savoir chercher la plus belle des fleurs. J'hésite un peu tant il y en a ! Mes cuisses ressentent les fouettements des hautes herbes comme des caresses de femmes (ahh), je contemple les rhododendrons jouer avec les tulipes et puis finalement je cueille la plus jolie des marguerites, parfaitement simple, et cette fleur la met au fusil.

Ou plutôt je l'enfile comme un suppositoire.

Ça fait mal.

Oui, mais ça passera.

Et moi j'endure, je serre les fesses. Je me dis que c'est un mal pour bien. Car je n'existe, en fait, car travers ces quelques mots égrainés dans le sol fendu par la chaleur qui dégouline de ce ciel sans nuages et sans nuit. Je suis un écrit.

Et donc, je reste.

Thursday, January 22, 2009

A la dissociée

J'en suis au moment fatidique où je demeure fidèle à moi-même. Il est tout à fait remarquable d'avoir posté aussi peu de notes en une vie de blog ( je ne me souviens même plus de quand l'avoir créé) et surtout de n'avoir éprouvé aucun remords, aucune envie de se botter le cul ou n'importe quelle expression du genre qui témoignerait d'un très humain sentiment de culpabilité.
Désolé chers non-lecteurs, fidèles dès les premiers/derniers instants, d'avoir pensé à vous et de vous avoir fourni de la non-lecture, du non-divertissement et je vais m'arrêter là pour les mots foireux composés de « non ».
Il est cependant intéressant de noter que durant cette année je n'ai cessé de travailler ( l'italique du mot traduit bien le bancal du terme). L'essentiel de mon travail a consisté en de nombreuses réflexions sur des sujets très variés et donc réunis dans le tiroir exigu de la vie.
Je pensais donc à la sexualité, l'amour, l'écriture, la fiction, la politique, l'amitié, la bande dessinée, la condition de l'auteur, l'ambition, la probabilité et l'impossibilité, Easton Ellis, dans le désordre.
J'écrivais aussi rapidement un petit texte sur l'espèce de lutte qui se déroule en moi presque chaque jour, texte que j'ai perdu et donc facilement retrouvable. Il s'agit du conflit opposant la fiction, l'imaginaire archi peu imaginaire de la fantasy et la science-fiction qui, en tant que membre de divers forums dit de « littérature de l'imaginaire », m'intéresse un peu, du peu d'intérêts de nombreuses formes, de la baisse de qualité de la littérature française en général et de l'importance que prend la littérature anglo-saxonne qui arrive à mêler réflexions, ce qui en ravira certains, et fiction, ce qui devrait ravir tout le monde en plus d'être indissociable de la tradition romanesque. Inconsciemment j'écrivais une liste de tout ce qu'on peut trouver de méprisable dans le domaine de la littérature. Cette liste est bien sûr strictement personnelle, formellement infondée et je ne doute pas que si je la révélais de manière structurée elle me ferait passer pour le premier des connards, des termes comme « eugénisme » ayant l'impact qu'ils ont.
Pourtant c'est cet eugénisme, appliqué à la littérature, qui manque cruellement au paysage contemporain. Je n'arrive pas à saisir comment est-ce que l'on peut s'appliquer à un art ( je parle de celui par lequel je me sens le plus concerné mais je suis à peu près certain que vous trouverez des exemples dans d'autres branches vous touchant) sans avoir la volonté de l'améliorer. Soyons honnêtes, présenter les choses de cette manière est effroyablement voire abominablement prétentieux, ce que je suis avec plus ou moins de regrets. D'autres personnes le sont et la plupart du temps finissent par s'affirmer comme des fauves sur la savane désertée.
Revenons à l'eugénisme. Je remarque, je peux me tromper, un cruel manque d'ambition à de nombreuses pratiques qui se traduit par une espèce de condition du passé. Il n'y a qu'à regarder, en littérature, les sorties les plus récentes. De nombreux livres se déroulant durant la guerre d'Algérie, la Seconde guerre mondiale, témoignent d'un problème à résoudre une histoire, horrible certes, et surtout encore mystérieuse pour nous. Cela explique sûrement la vision pessimiste de l'avenir que nous avons, ou du moins que j'ai, le flou du présent (qui est un passé en force) et la sensation que j'ai que nous sommes bloqués. Par dérision je serais tenté de dire que nous sommes arrivés à la Fin des Temps (majusculite mystique exacerbée), nous avons un problème avec le passé, le présent et le futur. Ce sont trois notions qui n'ont plus trop de sens.
Cessons de nous attacher au passé, cessons de nous amuser à récréer un moyen-âge magique, cessons de penser au futur en termes fictionnels, cessons de vivre pour mai 68 (lycéens au boulot) qui vient de fêter ses quarante ans avec ses anciens atomes qui sont maintenant d'honnêtes et respectables personnes, contre-révolutionnaires car citoyens, révoltés parceque humains. Cessez de frapper sur ce pauvre général de Gaulle car, mauvaise nouvelle, il est mort. Cessons de nous battre les mains dans les poches.
Cessons les digressions.
Cessons la non-fiction, cessons de nous accrocher aux lampadaires du dix-huitième siècle, cessons d'être de fumeux hippies, cessons d'être de sexistes féministes.
Je me contente, désolé de vous laisser en plan, d'essayer de savoir qui je suis. Je me contente de me contempler à genoux, pris dans les imbroglios sombres et nébuleux de toutes les perspectives qu'on me propose, je cherche ma personnalité comme n'importe quel amnésique, aussi court soit l'oubli. Je suis la quête de chaque être humain du vingt-et-énième siècle.
J'en suis au moment fatidique où j'hésite à écrire. C'est le dur moment où, après avoir jeté quelques 4803 caractères, je relis et repense. Je ne vois pas de cohérence mais je boucle la boucle.
Mais je ne le réécrirais pas. Je pense à des fictions associées, je pense à autant d'histoires que je trouve belles, je pense à des histoires dures et douces qui reflètent un peu ma vie sans oublier de divertir et moi et le non-lecteur, je pense à des histoires bouillonnantes, je pense à des histoires enragées dont le papier frôlerait la combustion spontanée.
Je pense comme un non-écrivain parlant à des non-lecteurs, faisant un discours incertain qui sent le leurre.
A bientôt dans l'éther.