Thursday, January 22, 2009

A la dissociée

J'en suis au moment fatidique où je demeure fidèle à moi-même. Il est tout à fait remarquable d'avoir posté aussi peu de notes en une vie de blog ( je ne me souviens même plus de quand l'avoir créé) et surtout de n'avoir éprouvé aucun remords, aucune envie de se botter le cul ou n'importe quelle expression du genre qui témoignerait d'un très humain sentiment de culpabilité.
Désolé chers non-lecteurs, fidèles dès les premiers/derniers instants, d'avoir pensé à vous et de vous avoir fourni de la non-lecture, du non-divertissement et je vais m'arrêter là pour les mots foireux composés de « non ».
Il est cependant intéressant de noter que durant cette année je n'ai cessé de travailler ( l'italique du mot traduit bien le bancal du terme). L'essentiel de mon travail a consisté en de nombreuses réflexions sur des sujets très variés et donc réunis dans le tiroir exigu de la vie.
Je pensais donc à la sexualité, l'amour, l'écriture, la fiction, la politique, l'amitié, la bande dessinée, la condition de l'auteur, l'ambition, la probabilité et l'impossibilité, Easton Ellis, dans le désordre.
J'écrivais aussi rapidement un petit texte sur l'espèce de lutte qui se déroule en moi presque chaque jour, texte que j'ai perdu et donc facilement retrouvable. Il s'agit du conflit opposant la fiction, l'imaginaire archi peu imaginaire de la fantasy et la science-fiction qui, en tant que membre de divers forums dit de « littérature de l'imaginaire », m'intéresse un peu, du peu d'intérêts de nombreuses formes, de la baisse de qualité de la littérature française en général et de l'importance que prend la littérature anglo-saxonne qui arrive à mêler réflexions, ce qui en ravira certains, et fiction, ce qui devrait ravir tout le monde en plus d'être indissociable de la tradition romanesque. Inconsciemment j'écrivais une liste de tout ce qu'on peut trouver de méprisable dans le domaine de la littérature. Cette liste est bien sûr strictement personnelle, formellement infondée et je ne doute pas que si je la révélais de manière structurée elle me ferait passer pour le premier des connards, des termes comme « eugénisme » ayant l'impact qu'ils ont.
Pourtant c'est cet eugénisme, appliqué à la littérature, qui manque cruellement au paysage contemporain. Je n'arrive pas à saisir comment est-ce que l'on peut s'appliquer à un art ( je parle de celui par lequel je me sens le plus concerné mais je suis à peu près certain que vous trouverez des exemples dans d'autres branches vous touchant) sans avoir la volonté de l'améliorer. Soyons honnêtes, présenter les choses de cette manière est effroyablement voire abominablement prétentieux, ce que je suis avec plus ou moins de regrets. D'autres personnes le sont et la plupart du temps finissent par s'affirmer comme des fauves sur la savane désertée.
Revenons à l'eugénisme. Je remarque, je peux me tromper, un cruel manque d'ambition à de nombreuses pratiques qui se traduit par une espèce de condition du passé. Il n'y a qu'à regarder, en littérature, les sorties les plus récentes. De nombreux livres se déroulant durant la guerre d'Algérie, la Seconde guerre mondiale, témoignent d'un problème à résoudre une histoire, horrible certes, et surtout encore mystérieuse pour nous. Cela explique sûrement la vision pessimiste de l'avenir que nous avons, ou du moins que j'ai, le flou du présent (qui est un passé en force) et la sensation que j'ai que nous sommes bloqués. Par dérision je serais tenté de dire que nous sommes arrivés à la Fin des Temps (majusculite mystique exacerbée), nous avons un problème avec le passé, le présent et le futur. Ce sont trois notions qui n'ont plus trop de sens.
Cessons de nous attacher au passé, cessons de nous amuser à récréer un moyen-âge magique, cessons de penser au futur en termes fictionnels, cessons de vivre pour mai 68 (lycéens au boulot) qui vient de fêter ses quarante ans avec ses anciens atomes qui sont maintenant d'honnêtes et respectables personnes, contre-révolutionnaires car citoyens, révoltés parceque humains. Cessez de frapper sur ce pauvre général de Gaulle car, mauvaise nouvelle, il est mort. Cessons de nous battre les mains dans les poches.
Cessons les digressions.
Cessons la non-fiction, cessons de nous accrocher aux lampadaires du dix-huitième siècle, cessons d'être de fumeux hippies, cessons d'être de sexistes féministes.
Je me contente, désolé de vous laisser en plan, d'essayer de savoir qui je suis. Je me contente de me contempler à genoux, pris dans les imbroglios sombres et nébuleux de toutes les perspectives qu'on me propose, je cherche ma personnalité comme n'importe quel amnésique, aussi court soit l'oubli. Je suis la quête de chaque être humain du vingt-et-énième siècle.
J'en suis au moment fatidique où j'hésite à écrire. C'est le dur moment où, après avoir jeté quelques 4803 caractères, je relis et repense. Je ne vois pas de cohérence mais je boucle la boucle.
Mais je ne le réécrirais pas. Je pense à des fictions associées, je pense à autant d'histoires que je trouve belles, je pense à des histoires dures et douces qui reflètent un peu ma vie sans oublier de divertir et moi et le non-lecteur, je pense à des histoires bouillonnantes, je pense à des histoires enragées dont le papier frôlerait la combustion spontanée.
Je pense comme un non-écrivain parlant à des non-lecteurs, faisant un discours incertain qui sent le leurre.
A bientôt dans l'éther.

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